Bien utiliser le miel pour sa santé

Audrey Vaugrente
Journaliste Santé Que Choisir

Propolis, gelée royale… Les produits de la ruche ont un grand succès en parapharmacie. Plus modeste, le miel a pourtant une utilité réelle pour notre santé.

 

Une alternative au sucre

Le miel est surtout utilisé en cuisine. Côté nutrition, c’est une véritable alternative au sucre blanc – aussi appelé sucre raffiné. En plus d’être savoureux, il apporte quelques vitamines, minéraux et antioxydants. Mais son vrai atout, c’est son fort pouvoir sucrant. Il est fixé à 100 pour le sucre blanc, qui sert de référence. Pour le miel, il est de 130. Cela signifie qu’une moindre dose est nécessaire pour percevoir un goût sucré. Ce qui fait du miel une option à privilégier pour accompagner yaourts, biscuits et autres desserts.

ATTENTION. Il ne faut pas servir de miel aux enfants de moins d’un an : leur système immunitaire ne les protège pas encore de certains contaminants du miel, comme la toxine botulique responsable du botulisme.

 

Soulager le mal de gorge

Traditionnellement, le miel est souvent utilisé dans des boissons chaudes contre les maux de l’hiver. Ce réflexe est en partie juste : en cas de toux aiguë – liée à une infection virale par exemple –, il a tendance à réduire les épisodes de toux, notamment nocturnes. C’est peut-être dû au réflexe de salivation engendré par son goût sucré, qui augmenterait la production de mucus, soulageant ainsi l’inflammation du larynx et du pharynx. Mais pour tirer le bénéfice maximum du miel, il ne faut surtout pas le chauffer. Evitez donc de l’ajouter au thé ou au lait chaud. Ingérez-le plutôt tel quel, à la cuillère.

PRUDENCE. Si vous souffrez d’allergie aux pollens, soyez prudent. Certains miels contiennent des pollens en faible quantité, ce qui peut déclencher une réaction.

 

En cas de plaie ou de brûlures

Le miel peut aussi s’appliquer à même la peau : il permet d’accélérer un peu la cicatrisation des plaies et des brûlures. En effet, il forme un film de protection sur la plaie et limite l’adhésion du pansement à celle-ci. Il évite aussi que les bactéries ne deviennent plus résistantes en formant un biofilm. Plusieurs propriétés expliquent cela. Le miel a un pH légèrement acide, il est riche en sucre et pauvre en eau, ce qui n’est pas propice à la survie des bactéries. Il secrète aussi du peroxyde d’hydrogène, qui a une action antibactérienne.

ATTENTION. Cet usage doit se limiter à un cadre familial pour les plaies bénignes. Si la plaie ou la brûlure est trop étendue ou cicatrise mal, ou si elle présente des risques d’infection, consultez un médecin.

 

Choisir le bon miel

Si vous souhaitez faire un usage thérapeutique du miel, prêtez attention à celui que vous achetez. Dans l’idéal, achetez-le auprès d’un apiculteur, qui pourra vous renseigner sur l’origine du miel, sa fraîcheur et les conditions de récolte. Le miel médical vendu en pharmacie (Medihoney, Revamil, Melectis, Urgo, etc) est une bonne alternative si vous ne pouvez pas en acheter via un circuit de proximité. Evitez les références disponibles en grande surface : trop souvent, ils ne sont pas conformes aux exigences de qualité, d’origine et de fraîcheur (voir QC n°607). 

Conservez votre pot de miel à l’abri de la lumière et de la chaleur, pendant moins de 2 ans si vous souhaitez l’appliquer sur la peau. Ne le chauffez pas avant utilisation. Enfin, évitez les miels d’origine tropicale : ils sont trop riches en eau.

 

Expert consulté pour cet article : Dr Claude Nonotte-Varly, président de l’association francophone d’apithérapie

 

 

Les effets de l’adultération du miel sur sa qualité ! 

Garance Di Pasquale 
Membre du Conseil scientifique de l’AFA
 

 Les vacances et l’été sont malheureusement derrière nous, place à la rentrée et à l’arrivée de l’automne. Pour nous, cela représente souvent la reprise d’activité, des changements de températures et de paysages, avec les feuilles qui vont commencer à jaunir, mais aussi des modifications qui opèrent à l’intérieur de nous, puisqu’on se prépare doucement à l’hiver. Pour nos amies les abeilles, cela représente également la saison de préparation à l’hiver, mais pour elles, les conséquences peuvent être plus dramatiques.

 

En effet, si les ressources récoltées au cours de l’été sont insuffisantes en termes de quantité ou qualité, la colonie peut ne pas survivre à l’hiver. Or, l’été n’est pas la meilleure période pour trouver des ressources alimentaires. En effet, le printemps est la saison où une grande diversité de plantes à fleurs apparait dans notre environnement, et notamment les arbres fruitiers dont les abeilles raffolent et qui sont sources de pollen et nectar de qualité. Mais la chaleur de l’été et le manque d’eau assèchent les nectaires et déshydratent les grains de pollen, diminuant grandement leur qualité, et rendant les récoltes difficiles voire parfois impossibles. Cette année a d’ailleurs été particulièrement difficile pour nos abeilles, ainsi que pour les apiculteurs. Confronté à de grosses carences alimentaires, un apiculteur a pu essayer d’aider ses abeilles en mettant à leur disposition des sirops de sucres divers et variés (sirops de maïs, de sucre de canne, de betterave, de riz, de blé, etc.). Malheureusement, il ne peut donc pas récolter de miel issu de cette période car le miel serait dit « adultéré ».

 

L’adultération est une pratique consistant en l’ajout volontaire d’un produit de moindre valeur à un autre, qui est alors vendu pour ce qu’il n’est pas. En effet, pour être commercialisé, un miel doit répondre aux normes légales du CODEX (taux d’Hydroxy-méthyl-furfural, indice diastasique, origine géographique, absence d’additif alimentaire, d’antibiotique ou de produit chimique). Ainsi, rien ne peut être ajouté ou retiré : « Le miel vendu en tant que tel ne doit pas contenir d’ingrédient alimentaire, y compris des additifs alimentaires, et seul du miel pourra y être ajouté … ni le pollen ni les constituants propres au miel ne pourront être éliminés » 

Produit de la ruche le plus connu, le miel est utilisé aussi bien pour ses vertus gustatives que pour ses bienfaits sur la santé. Le miel possède une composition différente en fonction de la plante dont le nectar provient, ce qui leur confère à tous une saveur, une couleur ainsi que des propriétés propres. Le miel est en effet connu pour ses propriétés antiseptiques, cicatrisantes, anti-inflammatoires, digestives, apaisantes, d’où ses multiples utilisations en apithérapie pour traiter les plaies, brûlures, inflammations respiratoires, indigestions, insomnies, etc. 

 

Effectivement, toutes ces propriétés sont dues notamment à la forte osmolarité du miel, conséquence de la faible teneur en eau et de la forte teneur en sucres simples (fructose et glucose) qui permet par exemple de nettoyer la plaie et de laisser peu de molécules d’eau disponibles pour le développement des micro-organismes, à des composants tels que la glucose oxydase (enzyme antiseptique produite et apportée par l’abeille) ou des antioxydants présents dans les nectars permettant de neutraliser les radicaux libres impliqués de certains cancers ou maladies cardiovasculaires. 

 

La composition et les qualités physico-chimiques du miel (teneur en sucres, en eau, conductivité électrique, etc.) seront modifiées si du sirop de sucre est ajouté soit indirectement en nourrissant les abeilles, soit directement après récolte.

Les effets de la consommation de miel frelaté sur la santé humaine ne sont pas uniquement dus à une absence de composant de qualité, mais également à l’ajout d’autres qui en excès provoquent des conséquences néfastes.

 

Selon la review « The Toxic Impact of Honey Adulteration : A Review » de Fakhlaei et al. (2020), le mélange avec du sucre inverti (mélange à moitié de glucose et fructose) ou de jaggery, sucre non raffiné qu’on retrouve en Asie du Sud, peut par exemple restreindre les propriétés antibactériennes du miel et entraîner des troubles gastriques. La consommation de miel adultéré peut entraîner une augmentation de la glycémie suivie de la libération accrue d’insuline qui sont les prémisses du diabète de type II et son cortège de complication : gain de poids abdominal, obésité, augmentation du taux de lipides sanguins et une hypertension artérielle.

 

De même, les six adultérants tels que le sucre de canne, sirop de maïs, sucre de palme, sucre inverti, sirop de riz et sirop d’inuline (sucres simples de type fructose liés entre eux) présentent des inconvénients pour la santé humaine en raison de leur valeur de toxicité et de leurs effets sur les organes internes. Les reins et le foie sont les principaux organes touchés. Le diabète, une insuffisance rénale chronique ou aigüe font parties des maladies à long terme qui pourraient être observées à la suite d’une consommation de miel adultéré, or ces maladies ont un impact notable sur la vie quotidienne humaine et la santé sociale.