La colonie épouse l’évolution de la nature.

En hiver, l’activité de la ruche est très réduite. Cette période est plus ou moins longue en fonction de l’altitude et des influences climatiques (quelques semaines au bord de la Méditerranée ou plusieurs mois en montagne). La reine cesse de pondre. Les abeilles vivent cloîtrées et leur principale tâche consiste à lutter contre le froid. Elles se mettent en grappes très resserrées et réchauffent l’ensemble en consommant du miel et en battant des ailes. Ainsi dans une ruche, on peut relever des températures négatives dans les espaces vides et 12°C minimum au sein de la grappe. En ne chauffant que la partie occupée, les abeilles nous donnent une leçon de développement durable…En aucun cas elles ne doivent être dérangées. Au premier rayon de soleil, elles accomplissent un vol de propreté. Les abeilles ne redoutent pas le froid, mais sont sensibles à l’humidité qui favorise l’émergence de maladies parfois redoutables comme la nosémose.
Avec les premiers beaux jours et les premières chaleurs, les butineuses redémarrent leur activité. La reine reprend petit à petit sa ponte qui s’accroit rapidement avec l’augmentation des ressources en nectar, pollen et de la température extérieure. En quelques semaines, de nouvelles abeilles remplaceront les plus âgées qui, nées à l’automne, auront assuré la pérennité de la colonie. En revanche, les réserves en miel diminuent, car les apports de nectar sont très largement insuffisants pour compenser la consommation des nouvelles générations.Avec l’arrivée des grandes floraisons, en quelques jours, la population de la colonie explose littéralement. Toute la ruche est occupée par plusieurs dizaines de milliers d’abeilles.Si on n’y prête garde, la colonie va être tentée de se reproduire et d’essaimer. Les faux bourdons et les cellules royales apparaissent. Il est temps de poser les hausses pour augmenter le volume de la ruche et permettre le stockage du miel dont l’apiculteur récoltera le surplus à la fin de la miellée.

Le printemps et le début de l’été sont une période d’euphorie. Les ruches débordent de butineuses qui travaillent avec énergie dès les premiers rayons du soleil jusqu’à la nuit tombée pour profiter de toutes ces fleurs riches de pollen et de nectar. Se profile alors le temps des récoltes dont l’ampleur dépend de la synergie de trois facteurs : la force de la ruche, la richesse des ressources nectarifères et les conditions climatiques. Si un des ces trois paramètres fait défaut, la récolte sera largement réduite. Des colonies trop faibles, une période de canicule, de vent ou de pluie suffisent à réduire à néant les espoirs de l’apiculteur. Si les miellées sont généreuses et se succèdent de manière régulière, celui-ci peut récolter à plusieurs reprises des miels dits monofloraux ou de cru, dont l’origine florale provient majoritairement d’une seule source ( miel d’acacia, de tilleul ou de châtaignier par exemple). Si les ressources sont variées ou de faible amplitude, il attendra la fin de la saison pour récolter un miel polyfloral, communément appelé « toutes fleurs ». Dès la fin des miellées, la ponte de la reine diminue. Les ouvrières massacrent les faux bourdons. La population décroit. Pour l’apiculteur, il est temps de procéder au traitement du varroa, ce petit acarien qui peut engendrer de fortes mortalités, si on ne réduit pas l’infestation.
Stimulée par quelques averses bienvenues, la végétation ragaillardit. Aussi, les abeilles profitent-elles de ces ultimes floraisons comme le lierre, la bruyère ou la ravenelle. La reine reprend sa ponte. Elle donnera naissance à des abeilles d’hiver, dotées de réserves adipeuses plus conséquentes pour affronter l’hiver. Cette période est déterminante car la survie des colonies, cloîtrées durant plusieurs mois et leur vitalité au printemps dépendra de l’ampleur de cette ponte. Aussi, pour l’amplifier, il est conseillé de nourrir en petite quantité avec un sirop composé de 50 % de sucre et de 50 % d’eau l’ensemble des colonies et ce, tous les trois ou quatre jours.Il convient également d’évaluer les réserves et de les compléter si nécessaire et de placer les grilles d’entrée pour éviter la pénétration de petits rongeurs attirés par le miel, par la cire et la chaleur.Une lourde pierre placée sur le toit de chaque ruche évitera à celui-ci de s’envoler à la première bourrasque…